MÊME LES MÉCHANTS RÊVENT D'AMOUR
MARIE-FRANCE
Jeannine a 85 ans passés. Elle aime : les bals musette, les costumes des patineuses artistiques et faire un six aux petits chevaux. Elle n'aime pas : le sucre sur le pamplemousse, les films d'horreur et les gens qui postillonnent. Le jour où on lui annonce que sa mémoire s'apprête à mettre les voiles, Jeannine est déterminée à ne pas se laisser faire. Alors elle fait des listes. Toutes sortes de listes. Et elle consigne dans un carnet tous les bonheurs qui ont marqué sa vie. Quand Julia, sa petite-fille, la rejoint en Provence, elle découvre ce que sa grand-mère n'a jamais osé raconter. L'histoire d'un secret, d'un mensonge. Entourée d'une bande de joyeux pensionnaires, Julia va tenter de faire la lumière sur les zones d'ombre du récit. Et s'il n'était pas trop tard pour réécrire le passé ?
"J'avais vingt ans quand ma grand-mère m'a confié son carnet. Quelques feuillets intitulés "Ma vie", tapés à l'ordinateur par une vieille dame plus à l'aise sur une machine à écrire. J'ai rangé l'enveloppe en remettant cette lecture à plus tard. J'avais vingt ans et je me disais qu'on avait le temps.
Il y a trois ans, elle est tombée dans le jardin. Elle s'est mise à chercher ses clefs, ses mots, ses repères. Il y a trois ans, sa mémoire a plié bagage. J'habitais loin, un gouffre s'est ouvert sous mes pieds. Quelqu'un, quelque part, avait brutalement retourné un sablier. J'ai compris qu'on n'avait plus le temps.
J'ai retrouvé l'enveloppe, les photos. J'ai fait des recherches. J'ai questionné ma grand-mère. Malheureusement, elle n'avait plus les réponses.
Alors, j'ai pris mon clavier et j'ai comblé les blancs. Un grand voyage dans le passé, en moi-même, à ses côtés. Un voyage émouvant, difficile, lumineux.
Nos anciens sont comme des livres ouverts qu'on ne prend pas le temps de lire. J'espère que cette lecture donnera à certains d'entre vous l'élan nécessaire pour interroger leurs grands-mères à leur tour. Ces héroïnes ordinaires aux vies parfois extraordinaires méritent qu'on les écoute. Qu'on prenne le temps."